Summer Jones ; Sweet rebellious.

J’avais quinze ans à l’époque, je m’étais entrainée depuis des années, et j’étais persuadée de n’avoir à ce moment là, aucun talent. Mon père se moquait de ce que je pouvais faire, selon elle, c’est le genre de chose qui ne sert à rien, mais j’espérais qu’il aurait fait le déplacement, je l’aurais souhaité plus que tout. Mais lorsque j’écartais le rideau qui était contre le mur, dans cette salle encore éclairée, je ne voyais nulle part sa silhouette. Ma mère était là quant à elle, discutant avec un jeune homme de ma classe, même s’il avait dix-sept ans et qui la draguait. C’était vrai qu’elle est jeune, elle m’a eu très tôt et à l’époque, je ne savais pas que je n’étais pas sa fille unique mais qu’elle avait déjà eu Tabatha un an auparavant. Et il y avait tant d’inconnus, tant de gens que je ne connaissais pas. Je commençais à suffoquer, Amy, une de mes amies, le vit, elle s’approcha de moi à grand pas, de manière vive, avant de poser ses poings sur ses hanches, les sourcils froncés et me dit :

« - Ecoutes-moi bien Cookie ! Tu es belle, tu es douée, tu vas tout déchirer !
- Amy… Tu te drogues et tu ne me l’as pas dit ?! »

Après m’avoir tiré la langue, elle m’attrapa la main afin de m’attirer vers le maquillage, j’avais beau ronchonner, pestiférer, vociférer contre elle, la jeune fille souligna mes yeux d’un trait noir mes yeux chocolat, et rajouta de l’ombre par-dessus, me disant que j’étais devenue une rockeuse ténébreuse, je ne pu m’empêcher d’éclater de rire avant de comprendre qu’elle était presque arrivée à ses fins, c’est-à-dire tenter de me détendre. Je respirais plus calmement, fermant les yeux, inspirant, soupirant, inspirant, soupirant, ma jambe gauche bougeant nerveusement alors que je me mordais la lèvre inférieure. Deux minutes plus tard, mes paupières étaient toujours closes. Le brouhaha qui se faisait entendre auparavant n’était plus qu’un murmure à cet instant, mon cœur avait cessé de battre la chamade. Mes hauts le cœur s’étaient également interrompu, mes nausées s’étaient envolées. Je me sentais mieux. A ce moment là en tout cas. Bientôt, une femme grande, brune aux yeux bleus entra et nous dit que je devais monter sur scène. A ce moment là, je souhaitais effacé tout ce que j’avais pensé quelques secondes auparavant, je n’allais pas super bien, lorsque je me suis levée, mes jambes tremblaient, j’avais du mal à avancer, ma respiration se saccadait, j’avais envie de pleurer, et en même temps, j’avais peur d’avoir un « accident lacrymale ». Je fronçais le nez lorsque mon amie me mis une claque aux fesses, m’intimant de mettre le feu.

J’attrapais ma guitare, une Ibanez noire, une Folk, je sentais mes mains moites glisser contre le manche, j’avançais lentement vers la chaise qui trônait au milieu de la scène, un cercle lumineux l’entourant dans cette salle désormais assombrie. Je manquais de tomber en m’asseyant, déclenchant quelques rires dans la salle. Je m’empourprais aussitôt. Mon regard parcourut rapidement l’assemblée, même si je ne voyais pas grand-chose. Je dégageais énergiquement une mèche brune qui tombait devant mes yeux que je fermis pour commencer à jouer.

« - G…D… »

Murmurais-je, pour moi-même, le temps de me remettre dans le bain, si l’on peut dire, et une fois que j’avais la mélodie qui m’écoulait des doigts, je commençais à chanter. Ma voix était enraillée et hésitante lors du premier couplet, car ma gorge était sèche malgré le fait qu’avant de rentrer sur le plateau, j’avais bu un verre d’eau, puis prit de l’assurance lorsque j’entamais le refrain. Mon timbre s’était stabilisé, j’étais de nouveau cette fille à la voix claire et à l’accent pop. Mes doigts parcouraient le bois de la guitare, frottaient les cordes, les claquaient en rythme. Moi-même, je prenais de l’aplomb, confiance en moi, j’étais même fière de chanter et de jouer devant toutes ces personnes, qui m’écoutaient, silencieuse, j’étais fière d’être, pour une fois, le centre du monde, d’être quelqu’un de totalement différent.

Les derniers accords se fondèrent en un silence, tout d’abord pesant car je ne savais pas ce que cela signifiait, si c’était bon signe ou mauvais présage. Puis on applaudit. Je soupçonne fort que ce fut Amy ou ma mère, mais le principal est que d’autres les ont suivit et bientôt, je me retrouvais ovationnée. La bouche entre-ouverte, les yeux écarquillés, je n’en revenais pas, mon cœur battait à tout rompe, je n’arrivais pas à croire que j’avais pu passer outre mes inquiétudes, et réussir à jouer. J’avais joué devant tant de monde, c’était incroyable ! J’étais si excitée, joyeuse, tant de sentiments se bousculaient en moi, cela me chamboulait un peu mais j’allais mieux, enfin, j’allais bien. Je descendais de scène avec un petit sourire.

« - C’était terrible !!
- J’étais horrifiée tu n’peux pas savoir ! C’était ter-ro-ri-fiant. »

Son rire cristallin s’éleva dans les coulisses, elle aimait mes néologismes, tout comme elle aimait m’appelle « Cookie », mais j’avais l’habitude depuis le temps, et puis, ça me faisait rire. Même si je n’étais pas dans la norme mince de la population féminine anglaise justement à cause de ces choses rondes, et délicieusement chocolatées. Je me démaquillais rapidement, toujours agitée, mes sentiments étaient exacerbés, je ne savais pas pourquoi, mais je ressentais tout bien plus fort qu’à mon habitude, c’était surement dû à la poussée d’adrénaline que j’avais ressenti. Je me mordis la lèvre inférieure, un sourire ne les quittant pas.

« - Tu es merveilleuse mon cœur !! »

Cria ma mère, me faisant mettre mon coton dans l’œil lorsque je sursautais. Elle rit, de manière exagérée si vous voulez mon avis, puis nous entendîmes une chanson, je ne pu m’empêcher de commencer à danser, il s’agissait d’une reprise des Beach Boys et pendant qu’elle retentissait en fond sonore, je continuais à discuter avec les personnes qui m’entouraient, ma mère m’avoua que ma voix au début lui avait fait « craindre » le pire. Je la remerciais intérieurement pour sa confiance en moi mais me taisait, il valait mieux que je ne cherche pas à le relever, une dispute était si vite arrivée entre nous, peut-être parce que nous avons une faible différence d’âge, comme je l’ai déjà signalé plus haut… J’attrapais un chouchou et attachais mes longs cheveux cendrés négligemment. J’attrapais ma veste en cuir, que j’enfilais sur mon haut noir également. Je rangeais minutieusement ma précieuse guitare dans sa house avant de porter la main contre ma bouche pour tousser, avant de dire que nous pouvions y aller avec un large sourire.

Des personnes m’ont saluées, m’ont félicités, certaines me connaissaient alors qu’elles ne me disaient rien. Certains de mon école ont soudainement eu envie de devenir mes amis, je répondais avec des petits sourires timides, ou des signes de mains imperceptibles. Une fois que tout le monde fut sortit de la loge, je regardais en arrière, me demandant si un jour comme celui-ci se reproduirait, puis, baissant les yeux, j’éteignais la lumière avant de fermer la porte.