▬▬ starbucks is all . ( liiibre )

Messages : 30 Date d'inscription : 20/09/2009

▬▬ « 我想吃. »
▬▬ « Désolé , je ... je ne comprends pas. »

Je crois que mon quartier est le plus divers de Londres. Marchant tête baissée , pochette de l'ordinateur à la main , Monsieur Noah ne semblait pas se préoccuper du sans abri qui venait de l'accoster amicalement dans la rue. Ce qu'il avait demandé ? De la nourriture. Je veux manger, plus exactement. Si Noah avait compris ? Il parle couramment une dizaine de langues et des dialèctes alors bien sur que oui. Mais à vrai dire , ce qui le tourmentait représentait beaucoup plus qu'un morceau de pain ou des pièces de monnaie. Un de ses collègues l'avait ridiculisée devant toute l'entreprise en le traitan de rat sans interêt et en lui balançant du jus d'orange en pleine face. Voilà pourquoi Noah marchait à la vitesse de la lumière , poussant ceux qui se trouvaient sur son passage et agressant presque les piétons. Il était remonté à bloc. Pourquoi avait-il du naitre aussi cruche ? Pourquoi les femmes agissent-elles ainsi envers lui ? Si elles continuaient comme cela , Noah deviendrait gay, sans aucun doute ! Heureusement que le Starbucks coffee du coin l'aidait à se remonter le moral. Ca tombait bien, voilà qu'il s'en approchait. Il ouvrit la porte violemment et se rangea dans la file. Le temps de regarder furtivement les autres , et c'était son tour. Il commanda cette espèce de thé fruité au citron vert et alla s'asseoir au fond du Starbucks , tel un Robinson Crusoé qui retournait à la vie moderne après des années de retranchement radical. Le geek sirotait sa boisson et en profita pour allumer son ordi'. MSN Messenger , mais devinez quoi : aucun contact. Facebook , mais sans ami, que faire ? Bref, la loose totale. Silence. Soupir. Un jour trouvera-t-il peut-être un ami sur qui compter. Mais pour le moment, rien. Le vide.

Soho, quartier légendaire de Londres, pour son cosmopolitisme, le mélange des genres, l'endroit même où les cultures s'entrechoquent pour engendrer quelque chose de... nouveau. Et pourtant, Sasha avait dû s'y rendre pour décorer toute la façade nord d'un grand loft situé dans une ancienne usine industrielle. Mais pour faire plus authentique, il avait demandé quelque chose d'orientalisant. Rien de plus facile à faire pour une américaine de pur souche née à San Diego. Alors elle avait décidé de faire le tour du propriétaire. En quelques minutes seulement elle avait réussi à mettre la main sur l'esprit même de Soho. Ça n'était pas si difficile, le quartier en lui-même semblait vivre, penser, respirer.

Sasha appuya sur « next » et son iPod se mit à jouer un morceau Hotel Costes. Elle enfonça un peu plus ses lunettes de soleil au dessus de son nez et bifurqua sur un grand axe de circulation. A Soho, on klaxonne, on parle fort, on rit, cela sent bon, mauvais, fort, ça pique les yeux. Déjà un brouillon de sa fresque se dessinait dans son esprit. Elle avait carte libre, comme presque toujours. Les gens se fichaient pas mal du résultat final, le seul truc qui importait c'était si ça allait impressionner les visiteurs. Alors Sasha faisait tout ce qu'elle voulait.

L'enseigne d'un Starbucks perça le ciel de panneaux publicitaires et indicatifs. Elle poussa la porte vitrée et se dirigea vers le comptoir. Comme à son habitude, un caramel macchiato, alto s'il-vous-plaît, au nom de Sasha, merci. Son regard balaya la salle. Et s'interrompit.

« Noah ! » s'exclama-t-elle, provoquant une vague retour de regards qui se demandaient d'où cela pouvait venir. Mais la jeune femme n'en avait cure, elle faisait partie de ces gens qui ne s'intéressaient pas au regard des autres, et pourtant le regard des autres étaient en permanence sur elle. Elle ? Une artiste... elle vivait par sa création, elle vivait grâce à son regard, à celui des autres, son sens, c'était la vue.

Elle lui fit un signe gai de la main, prit son gobelet et se dirigea vers sa table, qui était, surprise !, – c'était ironique – isolée. Sans se faire prier, et malgré les joues empourprées de gènes de Noah, elle tira la chaise et s'assit devant lui.

« Qu'est-ce que tu fais dehors par une aussi belle journée ? Tu travailles ? C'est bien ça ! »